Coordonnées

Frédéric LEVILLAIN
contact@forgelevillain.fr

mercredi 7 février 2018

Le fer de lance du poisson

Comme je ne suis pas sectaire, bien que vis tout seul au beau milieu de la forêt, j'ai discuter l'autre jour avec un pêcheur du coin. Au passage j'ai appris quelques trucs sympa. Ça ne se discute pas mais le type adore les sardines (le goût, la forme, bref...la sardine en général). On parle couteaux bien évidemment et le gars me dit : "Tu saurais me faire un couteau sardine ?". Heu...ça se discute :).

J'ai proposé au pêcheur de passer plus tard à l'atelier afin de travailler sur son projet. Ce qu'il fût dans la semaine qui suivie. Nous sommes tombés d'accord sur la conception, l'étui, etc... Puis je me suis mis au boulot.

Je suis navré par avance car je n'ai pris aucunes photos lors de la réalisation. Mais voilà ce qui en est ressorti. Le manche sardine est en hêtre. Le manche est en une seule partie avec une rainure pour la lame. Lame qui possède une palette avec des écailles faites à chaud au burin ; mais ça ne se voit pas très bien sur les photos.





J'ai revu mon petit pêcheur plusieurs mois après toujours très satisfait de son achat. Il me disait qu'il était toujours avec lui lors de ses sorties pêches ! Ça fait toujours plaisir.

lundi 5 février 2018

Dans les bois...De cerf

Récemment, je me promenais dans les bois froids et humides de la forêt Landaise. Puis au détour d'un chemin je croise un gars. Nous discutons un peu et au bout d'un moment, Le type me dit : "Bah je te commanderais bien deux couteaux pour Noël.". Donc voilà un nouveau challenge qui s'offre à moi. En effet la particularité c'est que le monsieur en question souhaite deux couteaux pliants avec manche en bois de cerf. Bois de cerf qu'il avait et qu'il m'apporte quelques jours plus tard.


En revenant, nous travaillons sur son projet. Forme du manche, forme et taille de la lame, étui en cuir etc... Et comme il est super gentil mon client et bien il  revient même m'apporter de l'acier agricole. Un savoureux mélange de Fer, Carbone, Molybdène, Chrome et deux autres métaux dont j'ai oublié le nom. Autant dire que ça s'annonce un poil dur !

Je sors donc fièrement ma grosse meuleuse et j'y monte un disque à métaux de 230. Puis je m'attaque à la découpe afin d'en sortir un morceau de 30mm de large sur 150mm de haut (la hauteur de la lame qu'il m'a gentiment offert) et 15mm d'épaisseur. Au début le disque glisse carrément sur le métal. Alors tout de suite je me suis dit que j'avais monté un disque à béton... Mais non c'est bien un disque à métaux. Je sens d'avance qu'il va vraiment falloir taper fort sur l'acier !
Le disque avant...
... Le disque après
Désormais, il est temps d'allumer la forge et de frapper fort...Très fort même ! Et voici ce qui en ressort. Deux belles lames.

Après, un petit tour au Back afin d'avoir des contours propres...

Je passe ensuite au guillochage. Alors je sors mon set de limes aiguilles, je coince la lame dans l'étau et en avant Guigamp !

Voilà une lame de faite. Il ne reste plus qu'à faire l'autre à l'identique car les deux couteaux doivent être jumeaux. Ceci fait, je passe à l'émouture des deux lames au Backstand, puis au polissage.


Les lames étant prêtes, je passe à la réalisation du manche en bois de cerf. Et c'est là que le fameux challenge commence car je n'ai jamais travaillé cette matière. D'habitude les couteaux avec des manches en bois de cerf sont réalisés avec un montage sur soie (comme les limes). Le client, lui, souhaite un pliant... Et c'est précisément là qu'il est dur de garder un ensemble cohérent dans la conception du manche. Je décide donc de tout découper dans le même morceau afin que les dessins extérieurs soient raccords entre eux. Je n'ai malheureusement pas pris de photos durant la phase de découpe à la scie à ruban car comme je n'avais pas le droit à l'erreur j'étais super concentré et du coup, j'ai oublié. En revanche voici une photo des chutes ainsi que la mise en serre du manche.


Après j'ai juste eu à percer les manches pour l'axe des lames et la mitre d'arrêt. Là pas de ponçage ni rien. Juste le manche à l'état brute.




Présentement, il ne me reste plus qu'à travailler au chaud à la réalisation des étuis.



Le client était ravi mais m'a tout de même demandé si ça couperait le saucisson... Je lui ai laissé la surprise !